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Quelques faits marquants se sont passés en ce premier semestre 2020 mettant en scène l’engouement pour le développement de nouvelles technologies autour de l’hydrogène.

La start-up américaine Nikola, qui a pour ambition de mettre sur le marché des camions fonctionnant à l’hydrogène dès l’an prochain, vient d’être valorisée ce 4 juin dernier à 31 milliards d’euros, soit autant que la valeur combinée de PSA, Fiat, Chrysler Automobiles et Renault alors qu’ils n’ont encore vendu aucun camion.

Ce 10 juin le gouvernement Allemand annonce son plan de développement pour la filière hydrogène, représentant un investissement de 9 milliards d’euros. La commission Européenne a présenté ce 8 juillet sa feuille de route pour un hydrogène propre. Les investissements cumulés dans l’hydrogène renouvelable en Europe pourraient ainsi atteindre 430 milliards d’euros d’ici 2050.

L’hydrogène attire les milliards comme s’il en pleuvait ! Mais pourquoi ?

Tout d’abord rappelons-nous que l’hydrogène n’est pas une source primaire d’énergie que l’on trouve à l’état naturel, mais une molécule qu’il est assez facile de fabriquer à partir de gaz naturel ou d’eau et qui se recombine avec l’oxygène de l’air en produisant de l’énergie thermique ou électrique et redevenir … de l’eau.

Si on ne souhaite pas développer une filière hydrogène à partir de gaz naturel, carburant fossile donc source d’émission de carbone, on peut entrevoir l’intérêt de produire de l’hydrogène « propre » à partir d’eau grâce à une énergie électrique renouvelable, ponctuellement trop abondante, afin de pouvoir la stocker et la restituer plus tard sur le réseau électrique ou l’utiliser comme combustible pour les véhicules. 

Les détracteurs diront que le stockage de l’électricité par hydrogène est une solution extrêmement coûteuse et peu efficace vu son faible rendement de conversion et qu’en France, on n’en a pas besoin étant donné le faible déploiement des énergies renouvelables intermittentes comme le solaire et l’éolien ainsi que la grande part de la production nucléaire, déjà flexible et décarbonée.

Cette situation n’est pas la même pour tous les pays européens

En particulier pour l’Allemagne qui a inscrit dans sa loi dès 2011 la sortie progressive du nucléaire civil pour 2022 et sans retour possible. Afin de s’y préparer, l’Allemagne a fortement investi dans le développement des énergies renouvelables éoliennes et solaires, ce qui a eu pour conséquence une augmentation considérable de la production renouvelable moyenne dans le mix énergétique allemand mais aussi des variations de production ponctuelle spectaculaires, dépassant par moments les 100% de leur besoin en électricité.

Cette politique énergétique très volontariste a des répercussions sur le système européen et sur le système français en particulier avec un effet positif sur le prix de l’électricité qui, grâce à cette production renouvelable, s’est maintenu très bas, comme nous avons pu le constater de manière d’autant plus amplifiée pendant la période de confinement que nous venons de vivre. (voir notre article)

Le stockage de l’électricité devient donc un enjeu incontournable pour l’Allemagne afin d’aplanir ces grandes fluctuations de production et la technologie hydrogène se profile comme la candidate idéale pour relever ce défi. La grande disponibilité de la ressource primaire (l’eau), la faible quantité de matériaux rares nécessaires, les performances technologiques qui sont en amélioration et la structuration de la filière, devraient permettre des réductions de coûts significatifs et ainsi permettre l’émergence à terme d’une technologie industrielle de l’hydrogène qui se développe sans subsides.

Etant inévitablement impactée par la fluctuation de la production renouvelable d’outre Rhin et par son propre développement de production renouvelable, la France ne devrait pas rester indifférente à la question. La baisse continue des coûts de la production renouvelable devrait accélérer son déploiement et la France possède déjà de belles cartes industrielles en matière d’hydrogène.

La course à la technologie hydrogène semble donc bien lancée. Le plan Français attendu pour la rentrée définira dans quelle catégorie elle compte se placer. À suivre donc !