Voici un sujet bouillonnant au sein des milieux avertis, mais de quoi s’agit-il ?
Pour rappel, l’équilibre du système électrique est assuré à chaque instant grâce à des moyens pilotables de production d’électricité qui permettent de suivre notre demande de consommation en temps réel. Plus notre demande totale d’électricité est importante et plus les moyens de production engagés sont coûteux et polluants.
Les prix de l’électricité sur les marchés de gros reflètent bien cet équilibre entre l’offre et la demande et cette variation continue du besoin en électricité.
Une situation loin de la réalité
Aujourd’hui cette volatilité du coût de l’énergie n’est répercutée que grossièrement et partiellement dans nos factures d’électricité, que ce soit via une tarification Heures Creuses / Heures Pleines, été / hiver ou via un ancien contrat « Tempo », qui n’est plus accessible aujourd’hui, avec une tarification différente les jours « bleus », « blancs » ou « rouges ».
Dans son paquet législatif « pour une énergie propre », la Commission européenne souhaite que les états membres aillent un cran plus loin et voudrait voir apparaître dès 2021 des offres de fournisseurs qui répercuteraient directement ces variations de prix aux consommateurs final.
L’idée est la suivante : aujourd’hui, les fournisseurs d’électricité, pour nous garantir un prix fixe sur des plages bien définies, ajoutent des marges dans leurs offres pour nous permettre de consommer comme nous voulons et quand nous voulons, au même prix, alors que le fournisseur lui, doit s’équilibrer sur les marchés de l’énergie et est exposé à cette variabilité des prix. (oui, rien n’est gratuit).
En principe, des offres plus dynamiques d’électricité permettraient de voir des offres d’électricité moins chères, car elles réduisent les risques pris par les fournisseurs et encourageraient le consommateur à déplacer sa consommation pendant les heures qui seraient les moins chères. Le développement du déplacement dynamique de la consommation est vu comme un élément essentiel par la Commission pour faciliter l’intégration des énergies renouvelables, la diminution des appels aux centrales polluantes et la diminution du coût de l’électricité pour tous.
Néanmoins, les acteurs français ne voient pas tous, cette direction prise par la Commission, d’un si bon œil.
Les limites de la tarification dynamique
Le médiateur de l’énergie, Jean Gaubert, est farouchement opposé à la facturation dynamique qui, selon lui, pénaliserait les plus fragiles : « J’entends ce discours disant que les consommateurs doivent être sensibles aux prix et à la disponibilité des moyens de production. Si les gens peuvent l’assumer… »
Malheureusement, en France, 5 millions de personnes ont du mal à payer leurs factures énergétiques. Quand on a un budget très contraint, le pire, c’est la variation. « On voit déjà les effets d’un hiver froid sur les plus précaires… ». (Actu Environnement)
Différentes expériences à l’étranger ne confirment pas cette crainte. En Norvège par exemple, qui est très avancé sur la question, 71% des consommateurs résidentiels et 88% des PME ont choisi une offre de fourniture qui reflète directement les prix de marchés de l’électricité. Ces offres sont non seulement les moins chères, mais permettent aussi aux consommateurs de changer de fournisseur à n’importe quel moment alors que les offres à prix fixes ont une durée minimale de contractualisation de 1 an. (ECOFYS)
Selon YUSO, fournisseur Belge pour clients professionnels et précurseur sur la tarification dynamique dans ce pays, trois conditions sont nécessaires pour qu’une telle offre soit un succès : le déploiement de compteurs communicants tels que Linky en France, un effort pédagogique important envers le consommateur et une transparence absolue sur les prix et la facture d’électricité. Il est indispensable de construire de la confiance par rapport à cette innovation tarifaire.
En France, les quelques mois qui viennent s’annoncent intéressants en ce qui concerne l’apparition de nouvelles offres. Le confinement que nous venons de vivre suite au COVID-19 a eu un impact significatif sur l’organisation des maintenances des centrales nucléaires et les deux hivers prochains sont annoncés comme « tendus » par RTE.
La DGEC cherche activement des solutions avec les acteurs du système électrique pour tenter d’accélérer l’apparition de nouvelles offres dynamique de fourniture qui contiendraient des incitations fortes aux consommateurs pour réduire leurs consommations pendant les périodes qui seront critiques pour le système électrique Français.
C’est une affaire à suivre donc…